La quête du Gradale selon Eco

Publié le par Nanne

                                 Baudolino - Umberto Eco
                                                       (Livre de  poche)




Fichier hébergé par Archive-Host.com"Désormais en cette matinée-là du mercredi 14 avril de l'an du Seigneur 1204, autrement dit six mille sept cent douze depuis le début de début du monde, comme on calculait d'habitude à Byzance, depuis deux jours les barbares avaient définitivement pris possession de Constantinople". C'est dans cette atmosphère proche de la fin d'un monde que Baudolino fait la connaissance de Nicétas Khoniatès, ministre du Basileus de Constantinople. Il décide de le cacher auprès d'amis gênois. Nicétas deviendra le légataire de l'histoire abracadabrantesque de la vie de Baudolino.

Enfant, il rencontre l'empereur Frédéric Barberousse dans sa campagne italienne, à qui il raconte ses histoires pour son seul plaisir. L'empereur, fasciné par cet enfant plein de malices et d'imagination, l'achète à son père. Il en fera son fils spirituel, puis son homme de confiance et son conseillé avisé. Frédéric Barberousse confie l'éducation de Baudolino à l'évêque Otton, oncle de l'empereur. Celui-ci, perspicace, comprend très vite que Baudolino est un fieffé menteur, hâbleur, qu'il ne peut s'empêcher de raconter des histoires saugrenues. "J'étais un fieffé coquin, je volais mes maîtres, j'avais passé deux nuits à gratter ce que je
Fichier hébergé par Archive-Host.com croyais d'anciennes écritures, pour faire un espace à ma disposition. Les jours suivants, l'évêque Otton se désespérait parce qu'il ne trouvait plus la première version de sa "Chronica sive Historia de duabus civitatibus", qu'il écrivait depuis plus de dix ans, et il accusait le pauvre Rahewin de l'avoir perdue au cours d'un voyage".

L'évêque Otton se prend d'affection pour cet enfant surprenant. Avant de mourir, l'évêque demandera à Baudolino de convaincre l'empereur Frédéric Barberousse à partir sur le chemin de l'Orient, à la recherche du Royaume du Prêtre Jean. Désormais, Baudolino - et son imagination débordante - rêve de ce pays inconnu et merveilleux du Prêtre Jean. Ce Royaume mythique ne peut se trouver qu'en Inde, qu'il représente peuplé "[...] d'êtres étranges, comme des hommes cornus, ou des pygmées, qui passaient leur vie à combattre contre les grues". Lorsque l'emepereur apprend l'existence du Royaume du Prêtre Jean, cette quête se transforme - d'un coup - plus en terre de conquête qu'en un pélerinage mystique.

En 1187, Saladin reprend la Jérusalem chrétienne. Depuis plus de cent ans, ce royaume avait résité aux assauts des différentes armées. D'un coup, le monde chrétien était ébranlé sur ses bases. Le pape lance un appel aux rois d'Europe pour une troisième croisade sainte et la reconquête de
Fichier hébergé par Archive-Host.comJérusalem. "Pour Baudolino, que son empereur unît à l'entreprise était l'occasion qu'il attendait. Descendre vers la Palestine signifiait se disposer à faire mouvement vers l'orient avec une armée invincible. Jérusalem serait reprise en un clin d'oeil, et après il ne restait plus qu'à poursuivre vers les Indes". Pour convaincre définitivement Frédéric Barberousse de partir pour cette nouvelle croisade et trouver ce fameux Royaume, Baudolino réinvente la plus précieuse des reliques chrétiennes : le gradale, qui n'est autre que la simple écuelle à vin de son vrai père, Gagliaudo.

La mort suspecte de l'empereur Frédérice sur la route de Jérusalem pousse Baudolino à se diriger vers les Indes à la recherche du Prêtre Jean. Pour éviter tous problèmes dans les contrées inconnues traversées, Baudolino et ses compagnons se feront passer pour les douze Mages en route pour apporter le gradale au Prêtre Jean. "[...] tout au long du voyage nos douze Mages étaient au fond toujours entrainés par le désir d'atteindre à leur
fin. Qui devenait de plus en plus, pour chacun, différente". Au cours de son périple pour atteindre le fameux Royaume, Baudolino et son équipée vont aller de surprises en découvertes. C'est un monde onirique et merveilleux qu'ils traverseront, peuplé de gentils monstres et de machiavéliques eunuques. Leur route s'arrêtera un temps àFichier hébergé par Archive-Host.com Pndapetzim, diocèse du Diacre Jean, fils spirituel du Prêtre Jean. Son épopée picaresque remettra Baudolino sur le chemin de Constantinople. La boucle sera ainsi bouclée.

"Baudolino" d'Umberto Eco commence comme un très bon roman, épopée picaresque et chevaleresque, fresque historique sur fond d'enquête policière et de quête spirituelle. Malheureusement, la magie retombe un peu avec l'arrivée d'un monde complètement fantaisiste. Je me suis un peu perdue dans les descriptions de ces personnages fantastiques et de leurs rôles au milieu de ce livre à la fois historique et amusant. Tout ces passages m'ont très vite lassé et agacé, malgré la richesse et l'invention linguistiques. J'ai un peu traîné des pieds pour le terminer à cause de cette partie un peu pesante. Cela mis à part, "Baudolino" reste un livre un peu magique avec un personnage hors du commun dont les mensonges se transforment - inexorablement - en une réalité vraie.

Publié dans Romans étrangers

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