Momo, le dernier des Mohicans
Vive la sociale ! - Gérard Mordillat
(Points n° 1383)
(Points n° 1383)
"Je suis le dernier des Mohicans, le dernier vrai parisien. J'ai toujours vécu dans le XXe arrondissement, comme avant moi mon père, mon grand-père, mon arrière-grand-père et le père de celui-ci. Belleville et Ménilmontant sont mes quartiers de noblesse. Depuis cinq générations, la famille loge au 6ème étage d'un immeuble gris, au carrefour de deux rues dont l'une porte le nom d'un psychiatre. En se penchant à la fenêtre, on peut voir : à gauche, le rocher du zoo de Vincennes, à droite la basilique du Sacré-Coeur, devant, le four crématoire du Père-Lachaise ... Que serait Paris sans le XXe arrondissement ?".
Qu'on se le dise et le répète, le XXe arrondissement de Gérard Mordillat n'est pas un quartier comme les autres. C'est un état d'esprit. Les personnages de cet arrondissement sont tous pittoresques, à commencer par sa famille. La grand-mère paternelle - veuve de guerre - posant pour des cartes postales ; le grand-père maternel jouant du cornet à pistons dans l'orchestre du cirque Barnum ; des oncles maternels et paternels rejetant tout et n'importe quoi en vrac : les curés, l'armée, la police, les propriétaires et les cons. Sans compter ses propres parents. "Papa était communiste, mon frère socialiste, maman anarchiste. Il semblait normal que je sois un peu des trois".
Dès sa naissance, la "solidarité socialiste" s'est imposée d'elle-même. Le père l'a déclaré sous le nom de Mao, hommage au grand Timonier. L'employé de mairie le changera en Maurice? Par réaction, la famille le surnommera "Momo". Chez Maman Cube, sa nourrice, Momo entend parler pour la première fois de Jésus, du Paradis et de l'Enfer ? Momo ne croit pas à ces calambredaines. "Pour moi le monde était simple, partagé entre les cocos et les cathos, et les filles qui constituaient une catégorie à part". Momo ira - tout au long de sa vie - de découvertes en engagements sociaux. A douze ans, il découvre les grands boulevards. A quatorze ans, les Champs Elysées. C'est un autre monde qui s'ouvre à lui. Plus grand. Plus riche. Pas nécessairement plus beau puisque, toujours, il reviendra dans son XXe arrondissement. Il participera à son niveau - et non sans fierté - à la grande cause de l'école laïque, sous une banderole "La girafe au zoo, Debré au poteau". Autre combat, autre temps avec Mai 68. Momo accèdera à la postérité dans le quartier grâce à une échauffourée au Quartier Latin. Il sera filmé par la télé avec Pater et Vantou - ses inséparables comparses - alors qu'ils entonnaient li'Internationale le poing levé. "Le lendemain, nous étions fêtés dans le quartier et fichés à la préfecture. Parisiens, polyglotes et révolutionnaires, le complot international, c'était nous".
A propos de la télé, son arrivée dans l'univers de Momo a transformé son quotidien. Désormais, ses parents se chamaillaient pour les programmes télé. Seule la lecture des programmes devenait le juge impartial, apte à trancher les querelles familiales. "Mes parents ne se disputaient plus pour la politique, la religion, les services de vaisselle ; ils se disputaient désormais pour savoir s'il fallait, oui ou non, couper la télé dès que le grand Charles y apparaissait, s'il fallait conserver aux films leurs titres originaux ou prendre le titre français [...]. Plus ils se disputaient, plus ils perdaient le fil de l'histoire qu'ils voulaient suivre et ils se disputaient de plus belle, accusant l'autre d'être incapable de se taire".
En choisissant délibérément de lire un livre de Gérard Mordillat je savais ce que j'allais y trouver. Surtout dans "Vive la sociale !". Et j'ai été servie. C'est un livre qui sent bon les choses simples de la vie, le passé heureux même s'il n'est pas opulent, le bonheur de partager le peu que l'on possède et tout ce que l'on n'aura jamais, mais qui ne manquera jamais à personne. C'est un livre jubilatoire, plein de joie, d'humour, d'amour, de plaisir sur l'enfance d'un auteur qui a su garder une âme libre. Il nous invite à vivre son quartier, de Belleville à Ménilmontant le temps de sa lecture. On a juste envie d'y rester ... après.
Qu'on se le dise et le répète, le XXe arrondissement de Gérard Mordillat n'est pas un quartier comme les autres. C'est un état d'esprit. Les personnages de cet arrondissement sont tous pittoresques, à commencer par sa famille. La grand-mère paternelle - veuve de guerre - posant pour des cartes postales ; le grand-père maternel jouant du cornet à pistons dans l'orchestre du cirque Barnum ; des oncles maternels et paternels rejetant tout et n'importe quoi en vrac : les curés, l'armée, la police, les propriétaires et les cons. Sans compter ses propres parents. "Papa était communiste, mon frère socialiste, maman anarchiste. Il semblait normal que je sois un peu des trois".
Dès sa naissance, la "solidarité socialiste" s'est imposée d'elle-même. Le père l'a déclaré sous le nom de Mao, hommage au grand Timonier. L'employé de mairie le changera en Maurice? Par réaction, la famille le surnommera "Momo". Chez Maman Cube, sa nourrice, Momo entend parler pour la première fois de Jésus, du Paradis et de l'Enfer ? Momo ne croit pas à ces calambredaines. "Pour moi le monde était simple, partagé entre les cocos et les cathos, et les filles qui constituaient une catégorie à part". Momo ira - tout au long de sa vie - de découvertes en engagements sociaux. A douze ans, il découvre les grands boulevards. A quatorze ans, les Champs Elysées. C'est un autre monde qui s'ouvre à lui. Plus grand. Plus riche. Pas nécessairement plus beau puisque, toujours, il reviendra dans son XXe arrondissement. Il participera à son niveau - et non sans fierté - à la grande cause de l'école laïque, sous une banderole "La girafe au zoo, Debré au poteau". Autre combat, autre temps avec Mai 68. Momo accèdera à la postérité dans le quartier grâce à une échauffourée au Quartier Latin. Il sera filmé par la télé avec Pater et Vantou - ses inséparables comparses - alors qu'ils entonnaient li'Internationale le poing levé. "Le lendemain, nous étions fêtés dans le quartier et fichés à la préfecture. Parisiens, polyglotes et révolutionnaires, le complot international, c'était nous".
A propos de la télé, son arrivée dans l'univers de Momo a transformé son quotidien. Désormais, ses parents se chamaillaient pour les programmes télé. Seule la lecture des programmes devenait le juge impartial, apte à trancher les querelles familiales. "Mes parents ne se disputaient plus pour la politique, la religion, les services de vaisselle ; ils se disputaient désormais pour savoir s'il fallait, oui ou non, couper la télé dès que le grand Charles y apparaissait, s'il fallait conserver aux films leurs titres originaux ou prendre le titre français [...]. Plus ils se disputaient, plus ils perdaient le fil de l'histoire qu'ils voulaient suivre et ils se disputaient de plus belle, accusant l'autre d'être incapable de se taire".
En choisissant délibérément de lire un livre de Gérard Mordillat je savais ce que j'allais y trouver. Surtout dans "Vive la sociale !". Et j'ai été servie. C'est un livre qui sent bon les choses simples de la vie, le passé heureux même s'il n'est pas opulent, le bonheur de partager le peu que l'on possède et tout ce que l'on n'aura jamais, mais qui ne manquera jamais à personne. C'est un livre jubilatoire, plein de joie, d'humour, d'amour, de plaisir sur l'enfance d'un auteur qui a su garder une âme libre. Il nous invite à vivre son quartier, de Belleville à Ménilmontant le temps de sa lecture. On a juste envie d'y rester ... après.